Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man's land, ces ennemis d'enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s'ajoute la monotonie des journées d'hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d'«apitherapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part a l'aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et du silence des montagnes de Crimée, l'oeil de Moscou reste grand ouvert...
Kiev, 1919: c'est la cacophonie révolutionnaire. Des armes à foison, de l'ordre nulle part, des bandits et des voleurs cent fois plus nombreux. La ville est tombée aux mains des bolcheviks en février et le nouveau pouvoir s'y met en place tant bien que mal alors que la guerre civile fait rage dans la région, en proie à des combats opposant blancs et rouges, anarchistes et nationalistes... Samson, jeune étudiant, se retrouve du jour au lendemain à devoir se débrouiller seul, après avoir perdu son père et son oreille droite sous le sabre d'un cosaque. Dès lors tout se précipite. Enrôlé presque par hasard dans la milice, Samson va bientôt se lancer dans une enquête où son oreille jouera un rôle quelque peu inattendu...
Un imposteur. Voilà ce qu'est devenu, à son corps défendant, le narrateur de ce roman. Oubliés le père fantasque, tendre et dépensier, la mère austère et impénétrable. Fini le couple parental dysfonctionnel, les disputes, les fins de mois difficiles, les vacances annulées. À présent c'est dans un milieu totalement différent qu'il évolue, sous une autre identité et sous la houlette du providentiel oncle Gianni, ténor du barreau, qui aimerait bien que son protégé tire une croix sur son passé et épouse complètement son mode de vie flamboyant. Et pourtant, toujours, souvenirs et fantômes du passé ressurgissent, tourmentant sa conscience, titillant son sentiment de culpabilité, l'incitant à reparcourir les étapes d'un itinéraire qui a fait de lui ce qu'il est...
Il pleuvait à torrents et personne, vraiment personne, n'était prêt à ouvrir sa porte, et surtout pas à ces individus. Oui, il y avait des Blancs parmi eux-les humanitaires qui les accompagnaient-mais ils étaient tout aussi étranges que les autres malheureux, mal fagotés et mal en point. Que venaient-ils faire, ces envahisseurs, dans notre petit village où il n'y avait plus de maire, plus d'école, où les trains ne passaient plus et où même nos enfants ne voulaient plus venir? Nous nous demandions comment les affronter, où les abriter puisqu'il le fallait. Eux aussi, les migrants, avaient l'air déboussolés. C'était pour ce coin perdu de Sardaigne, ce petit village délaissé, qu'ils avaient traversé, au péril de leur vie, la Méditerranée? C'était ça, l'Europe?
Tout commence par un prototype, de la taille d'un frigo, un machin étrange et bruyant testé dans la cuisine d'un couple de la classe moyenne. Une drôle de machine capable de transporter un objet en le dématérialisant d'un côté, pour le rematérialiser de l'autre. Très vite, l'invention se perfectionne et la prouesse scientifique devient un simple aspect de la vie quotidienne. La distance n'est plus un frein. Une cabine dans chaque foyer, chaque rue, chaque ville permet tous les déplacements. Tout est rapide. Facile. Cette nouvelle technologie change bientôt le monde et tous ceux qui l'habitent - les sceptiques comme les convertis. Mais, dans une société obsédée par le progrès, que deviennent les choses qui nous rendent humains: les souvenirs, les peurs, les amours, les contradictions, la mortalité. La confusion inhérente à nos existences. Tout à notre envie de toucher à la perfection, que risquons-nous de perdre?
Enfant, le narrateur de ce roman l'a été trop brièvement. Dès l'âge de sept ans, il se pense «invisible». Invisible pour ses parents occupés par leurs conflits personnels. Invisible pour ceux qui le croisent dans la rue et ne voient que sa couleur de peau. Et invisible pour l'État italien, car il lui est impossible d'obtenir la nationalité de ce pays dans lequel il est né de parents étrangers. Quelle est alors son identité puisqu'il ne connaît pas l'Angola, terre de ses ancêtres? Replié sur lui-même, Zéro -c'est ainsi qu'on le surnomme- encaisse les coups durs à chaque étape de sa vie: à sept ans, la séparation de ses parents. À huit ans l'arrivée d'un Blanc raciste auprès de sa mère. Parti vivre à neuf ans chez son père, il découvre le rap et l'amitié avec des garçons de son âge, tous enfants d'immigrés, des amis qui deviendront «son pays, sa maison, sa famille». Sur le toit du centre commercial, ils auront le sentiment euphorique d'être sur le toit du monde et se soutiendront sans mollir pour se faire une place dans la société et ne plus être invisibles.
Notre identité est-elle soluble dans un lot de coton égyptien? À Jaffa, lorsque Avraham est tué dans le massacre des Juifs de la ville en 1936, son associé musulman, Ibrahim, décide en quelques heures de se faire passer pour lui afin de récupérer le précieux tissu. Il ne mesure pas alors le poids que cette tromperie aura sur sa femme Miriam. Mais aussi sur leur fille et les générations suivantes. D'Istanbul a? Djerba, de Bâle a? Miami, d'Ancône a? Rome, l'imbroglio identitaire se fera de plus en plus inextricable. Et ce seront Giuditta et Esther qui, de façon détournée, payeront leur tribut a? ces vies dérobées.
Et vous, êtes-vous sûr de vos origines?
C'est en 1770 que Georg Kempf, l'ancêtre du narrateur, décide de quitter le sud de l'Allemagne pour la Transylvanie où la terre est grasse et fertile. Comme d'autres miséreux, il a été convaincu par un messager de l'impératrice Marie-Thérèse d'aller peupler ce territoire délaissé de l'Empire austro-hongrois. Un siècle et demi passe, et la famille Kempf jouit d'une situation confortable dans cette région de Croatie nommée Slavonie, lorsque Hitler appelle les Volksdeutsche, les Allemands de «l'extérieur», à rejoindre la Waffen-SS. Georg Kempf, dernier du nom, vit le sort dramatique d'un de ces «volontaires-forcés». Au moment où l'armée allemande essuie ses dernières défaites a? l'Est, il s'enfuit dans la forêt polonaise. Au bout d'un périple douloureux, où il assiste aux sanglants affrontements des armées et à l'extermination des Juifs, il rejoint les maquisards soviéto-polonais. Georg parvient à passer entre les mailles du filet et à rejoindre sa terre natale dans une Yougoslavie en pleine révolution, sans pour autant oublier le chemin parcouru qui pèsera sur sa vie, sur celle de la camarade Vera et de l'enfant né de leur union, le narrateur. Et sur cette région des Balkans, talon d'Achille de l'Europe.
Au début des années 70 la lutte pour l'égalité des droits est loin d'être terminée pour les Noirs américains. Pour certains c'est même le combat de chaque instant. Le révérend Phillip Martin, leader du mouvement dans une petite ville de Louisiane, est de ceux-là; il a bâti autour de ce combat une vie solide et respectable. Jusqu'au jour où un mystérieux jeune homme vient rôder sans but apparent autour de sa maison...Gaines, avec son immense talent, nous entraîne dans une histoire où tension et suspense vont crescendo. Ernest J. Gaines, né en 1933, a été surnommé «le Faulkner noir» aux États-Unis où le National Book Critic Award lui a été décerné en 1994 pour Dites-leur que je suis un homme.
Quelle que soit notre vie, un imprévu peut la bouleverser à tout jamais. Pour Gabriele Santoro, professeur de piano, cet imprévu s'appelle Ciro, un garçon de dix ans qui surgit un jour de derrière son canapé. Comment est-il entré? Pourquoi se cache-t-il dans son appartement? Malgré lui, qui a délibérément choisi une solitude dans laquelle musique et poésie occupent une place privilégiée, il est très vite appelé à jouer un rôle de protecteur. Plus même, de père. Et ce rôle comporte des dangers certains, surtout dans cette partie malfamée de Naples où il vit depuis qu'il a quitté les beaux quartiers. Sans parler du danger qui accompagne la difficile remise en question de soi-même et des choix opérés dans son existence.
Iconoclaste, provocateur, politiquement incorrect, ce roman dresse le portrait d'une famille de la bonne bourgeoisie juive romaine, les Sonnino. Tout d'abord Bepy, qui à la sortie de la guerre préfère oublier le «clownesque couple» Mussolini-Hitler pour revenir à une scintillante et futile existence dans laquelle les femmes, surtout celles de ses amis, occupent beaucoup de place. Il ne comprendra jamais pourquoi son fils cadet Teo, doué et séduisant, choisit d'aller vivre «dans ce pays insensé dénommé Israël». Heureusement son aîné, Luca, s'inscrit dans la lignée paternelle : manteau croisé en cachemire, Porsche Carrera et fréquentation assidue de la business class. Quant à son petit-fils Daniel, le narrateur, issu d'un improbable mariage mixte il est pris dans un insoluble dilemme : «être juif pour les gentils» et «gentil pour les juifs». Handicap auquel viendra s'ajouter sa timidité sexuelle et son incapacité à entreprendre la belle Gaia, dans le tourbillon de la jeunesse dorée romaine.
Au pays du Commandeur, nul ne peut ignorer qui est le maître: son image est partout, les lieux publics portent son nom, des livres sont écrits à sa gloire. Au pays du Commandeur, tout le monde lui est redevable, chacun chante ses louanges, dans sa cuisine ou en public, mais sur les toits-terrasses des maisons il se raconte de drôles d'histoires. Au pays du Commandeur, on se méfie de l'aveugle au coin de la rue, de sa secrétaire, de son voisin, de son conjoint. Tiraillé par des sentiments contradictoires, un écrivain venu d'un État voisin de l'Irassybie observe. Quelqu'un soufflera-t-il un jour sur les braises de la révolte?
La foule est dense et fébrile, le bruit assourdissant, l'ambiance lourde d'attente. Le match opposant les deux clubs milanais rivaux, le Milan AC et l'Inter, est un des grands événements de la saison. Alors que, sur le terrain, les deux équipes s'échauffent, les supporters exhortent leurs idoles avec ardeur. Dans la cohue, il y a aussi des femmes. La plupart se contentent d'accompagner leur mari par devoir. D'autres sont là par passion. Mais certaines ne sont pas venues pour voir le match. Elles ont une mission à accomplir, un compte à régler, un homme à guetter, à démasquer, à tuer peut-être. Déterminées, elles attendent...Ce stade en transe est à l'image de l'Italie d'aujourd'hui : machisme vacillant, immigration mal digérée, showbiz omniprésent, magouilles inévitables... et humour à revendre.
Persécution« Savoir-vivre et discrétion. » Pour Leo Pontecorvo, brillant professeur de médecine et père de famille respecté issu de la bourgeoisie juive romaine, les excès et les incartades ne font pas partie du programme. Mais un soir il apprend, par le journal télévisé, qu'une gamine de douze ans, petite amie de l'un de ses fils, l'accuse d'avoir tenté de la séduire. Un gouffre s'ouvre sous ses pieds. Rien dans sa vie ne l'a préparé à affronter une situation aussi humiliante. Rien ne l'a préparé à se battre en général. Au lieu de clamer son innocence, Pontecorvo se replie sur lui-même et se remémore comment le piège s'est refermé sur lui, entre l'indispensable et trop raisonnable femme, la fillette mythomane, les clinquants parents de l'accusatrice, l'intraitable magistrat, l'avocat pervers... Si la justice est aveugle, l'injustice l'est aussi.InséparablesInséparables, les frères Pontecorvo, Filippo et Samuel, l'ont toujours été. Comme les petits perroquets qui ne savent vivre qu'ensemble. Les différences existent pourtant. L'aîné, paresseux patenté, collectionne les aventures. Le second, financier brillant, ne connaît en amour que des ratés. Et voilà que les destins s'inversent. Samuel subit un revers professionnel important, tandis que Filippo conquiert une renommée inattendue. Une renommée que les médias amplifieront pour de mauvaises raisons. Encore une fois les Pontecorvo vont devoir faire face au système médiatique. Alors que vingt-cinq années se sont écoulées, le passé refait surface et ramène au premier plan le spectre de Leo, leur père, l'hallali de la presse, le silence qui a tétanisé la famille, le rôle de l'inébranlable Rachel. Un passé qu'il est temps pour les Inséparables d'affronter, tout en slalomant dans leur propre vie..."