« Père moderne des études sur la mémoire », Maurice Halbwachs est désormais un classique pour la sociologie et pour l'ensemble des sciences humaines. Philosophe de formation, passé à la sociologie en même temps qu'il ralliait les causes dreyfusarde et socialiste, il s'est imposé, dans l'entre-deux-guerres, comme une des principales figures de l'école sociologique française fondée par Émile Durkheim, avec en point d'orgue son élection au Collège de France en 1944 dans une chaire de « psychologie collective ».
On attendait de son enseignement dans la prestigieuse institution qu'il apporte la touche finale à une oeuvre protéiforme. Mais, déporté à Buchenwald où il mourut le 16 mars 1945, Maurice Halbwachs n'eut pas même l'occasion de prononcer sa leçon inaugurale. Cette ultime synthèse existe pourtant bel et bien, dans un cours de psychologie collective donné en Sorbonne au tournant des années 1940, dont il n'existait jusque-là que quelques copies ronéotypées.
Pensé comme une introduction générale à la sociologie, ce cours, dans lequel, préfigurant la démarche de Pierre Bourdieu, il se confronte à la question de la singularité individuelle, se trouve ici édité pour la première fois.
Héritier et critique de Durkheim, Maurice Halbwachs (1877-1945) fut le véritable initiateur et théoricien de la sociologie de la mémoire. Parue pour la première fois en 1925, son étude des Cadres sociaux de la mémoire a profondément influencé les historiens et les sociologues; elle retrouve toute son importance aujourd'hui que la question de la mémoire collective s'impose plus que jamais. La présente édition est accompagnée d'une postface de Gérard Namer, professeur de sociologie à l'université de Paris-VII et auteur d'un essai sur la pensée de Halbwachs (Mémoire et société, Paris, 1987), qui, grâce à une lecture des cahiers laissés par l'auteur, éclaire son oeuvre d'un jour nouveau.
À la fin des années 1930, le sociologue français Maurice Halbwachs publie plusieurs textes consacrés à la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936) de l'économiste britannique John Maynard Keynes, l'un des ouvrages phares du XXe siècle. Demeurés jusqu'à présent très confidentiels, ils possèdent une étonnante valeur didactique et permettent d'accéder rapidement au coeur de l'analyse keynésienne. Ils portent aussi un regard critique sur une économie politique trop souvent abstraite. Au final, c'est une remarquable leçon d'interdisciplinarité que nous délivre celui qui fut l'un des proches disciples d'Émile Durkheim et qui est surtout connu pour ses travaux sur la mémoire collective et les classes sociales.
SOMMAIRE Préface de Serge Paugam -- Avant-propos de Marcel Mauss -- IntroductionChap 1 : Les méthodes appliquées pour le relevé des suicides dans les pays européenschap 2 : Un moyen de recoupement. L'étude des modes de suicideChap 3 : Les tentatives de suicideChap 4 : La répartition des suicides en EuropeChap 5 : La répartition des suicides en FranceChap 6 : La répartition des suicides en Allemagne, Italie, AngleterreChap 7 : La répartition des suicides dans les villes et à la campagneChap 8 : Le suicide et la familleChap 9 : Le suicide et la religionChap 10 : Le suicide et l'homicideChap 11 : L'influence des guerres et des crises politiques, le mouvement des suicides en FranceChap 12 : L'influence des crises économiques, le mouvement des suicides en Prusse et en AllemagneChap 13 : Le suicide, les maladies mentales et l'alcoolisme. Les données statistiquesChap 14 : Examen de la thèse psychiatrique. L'aspect pathologique et l'aspect social du suicideChap 15 : Conclusion 1 - La définition du suicide, suicide et sacrifice 2 - Les causes du suicide
« Ce volume réunit pour la première fois deux livres depuis longtemps introuvables de Maurice Halbwachs. Le premier, La classe ouvrière et les niveaux de vie. Recherches sur la hiérarchie des besoins dans les sociétés industrielles contemporaines, date de 1912. Le second, L'évolution des besoins dans les classes ouvrières, a été publié en 1933 à la suite du séjour de l'auteur à l'université de Chicago à l'automne 1930. Ces deux livres ont en commun de traiter des ouvriers et de ce qu'ils consomment sur des bases statistiques de grande qualité.Ils portent sur la réalité sociale de la première moitié du dix-neuvième siècle. Nos sociétés ayant connu depuis des transformations considérables, à quoi bon rééditer deux ouvrages centrés sur les dépenses des ouvriers allemands en 1907 et en 1927 ou l'évolution des consommations des ouvriers américains de la fin du dix-neuvième siècle jusqu'au début des années trente ? L'intérêt historique de ces études est certes immense : fondées sur l'analyse détaillées des carnets de compte, elles permettent de connaître avec une grande précision les parts respectives de leurs budgets que consacraient les ouvriers et les employés de l'époque en fonction de leur salaire à leurs aliments, leurs vêtements ou leurs logements. Ce n'étaient pas les mêmes. Mais au-delà de cet intérêt historique, la réédition de ces deux livres concerne aussi le présent de nos propres sociétés puisqu'elle permet de mesurer sur des bases précises l'évolution des consommations sur un siècle. Les statisticiens d'aujourd'hui ne se privent pas de prendre du recul pour mieux comprendre l'actualité. La qualité des travaux produits par Halbwachs permet de disposer d'un recul plus grand encore et de comparer avec précision la classe ouvrière contemporaine avec celle d'il y a cent ans. Ces deux livres constituent des jalons dans l'histoire sociale des ouvriers mais aussi de la consommation et des façons de l'appréhender. Ils enregistrent déjà à vingt ans d'intervalle, entre l'avant et l'après 14-18, des transformations considérables. Les faits sociaux prennent leur sens dans leur histoire. » (extrait de la Préface)